Grands hommes et grands auteurs : Cicéron

La vie de Cicéron

Copie d'un buste antique de Cicéron - Bertel Thorvaldsen (1799-1800) - Thorvaldsens Museum Copenhague
Buste de Cicéron, Thorvaldsens Museum, CopenhagenInformationsInformations[1]

Marcus Tullius Cicero a vécu de 106 à 43 avant notre ère et occupe une place très importante dans la littérature latine tant par le nombre d'œuvres qu'il a laissées que par les genres dont elles relèvent. C'est l'écrivain latin classique par excellence.

D'une famille équestre d'Arpinum, Cicéron est parvenu par son seul génie oratoire au premier rang de l'État : il représente le type même de l'homo nouus, c'est-à-dire du Romain qui n'a pas d'ancêtres nobles ayant exercé une magistrature curule.

Son instruction a été plus large qu'elle ne l'était d'habitude à cette époque.

Il a en effet étudié :

  • l'art oratoire, s'intéressant aux problèmes techniques de l'éloquence ;

  • la philosophie, qui englobait les sciences : arithmétique, géométrie, musique, astronomie ;

  • le droit, s'attachant en particulier aux recherches des jurisconsultes.

La fréquentation du forum, où plaidaient Antoine et Crassus, a achevé de le former.

Ses premiers succès ont été des succès de scandale : il a débuté en effet avec une extrême audace, prenant la parole en 81 contre Hortensius, orateur attitré du parti conservateur et attaquant une créature de Sylla en 80, soutenu, il est vrai, par des hommes comme Pompée.

Après un séjour en Grèce, il acquiert à Rome une importante clientèle et une grande réputation comme avocat. Il accède ainsi très facilement à la carrière des honneurs.

En 70, il prend position avec éclat contre la nobilitas, l'« establishment », en attaquant Verrès, préteur concussionnaire de Sicile. Il veut cependant réaliser une union des chevaliers (equites) et des sénateurs (optimates) pour assurer l'ordre dans l'État, et, élu au consulat en 63, il souhaite concilier l'esprit conservateur des optimates et le souci des réformes des populares. C'est pendant son consulat qu'il déjoue et écrase la conjuration de Catilina.

En réalité, son attitude politique lui a aliéné les réformateurs et son attitude vaniteuse lui a aliéné ses amis (Pompée) : les triumvirs, Pompée, César et Crassus, l'abandonnent et il est contraint à l'exil, en 58, pour avoir fait exécuter sans jugement les citoyens complices de Catilina.

Rappelé l'année suivante, il est « fini » politiquement ; il accepte le gouvernement de Cilicie (51), et revient pour assister à la guerre civile et à la victoire finale de César.

Après l'assassinat de ce dernier, il cherche à « jouer » Octave contre Antoine, mais les deux hommes se mettront d'accord et Cicéron sera proscrit. Rejoint dans sa fuite, il affronte courageusement la mort le 7 décembre 43.

Cicéron dénonce Catalina - Cesare Maccari (1840 – 1919) - Palazzo Madama, Rome
Cicéron dénonce Catalina - Cesare Maccari (1840 – 1919) - Palazzo Madama, RomeInformationsInformations[2]

L' œuvre de Cicéron

La somme de travail qu'il fournit comme avocat, homme politique ou écrivain est presque incroyable.

Sa Correspondance est une mine de renseignements : on le voit apparaître sans fard et réagir à chaud à tel ou tel événement. La moitié seulement de ses lettres nous ont été conservées ; elles remplissent pourtant une trentaine de livres ! 16 livres contiennent les lettres adressées à son ami Atticus, 16 à ses proches (Ad familiares), 3 à son frère Quintus, et 26 lettres ont Brutus pour destinataire.

Le De Officiis, imprimé par Christopher Froschouer en 1560.
Le De Officiis, imprimé par Christopher Froschouer en 1560.InformationsInformations[3]

Les trois centres d'intérêt - pour la philosophie, le droit, et les techniques de l'éloquence - nous permettent de ranger ses oeuvres en trois groupes :

→ Les traités philosophiques : nous en avons conservé 12 sur 21. En 54 et 52, il écrit deux dialogues dont il emprunte les titres à Platon : De Republica et De Legibus,

  • De Republica définit le gouvernement idéal comme un moyen terme entre la monarchie, l'aristocratie et la démocratie.

  • De Legibus aborde les problèmes du droit, des lois religieuses et de l'organisation politique.

  • En 45, il traite de la théorie du souverain bien dans le De Finibus bonorum et malorum.

  • Dans le De Officiis (44), l'accent est mis sur le lien social entre les hommes, et le philosophe recherche la responsabilité du politique face à la cité.

  • Enfin, à retenir, le De Divinatione traite du problème religieux.

→ Les œuvres oratoires : nous en possédons 61 sur 120. Cicéron a été avant tout un grand avocat - avocat d'affaires d'abord, puis, de plus en plus, avocat "d'assises". En rapport avec ce que nous avons dit de sa vie, retenons principalement :

  • les Verrines, discours qu'il publie faute de les avoir tous prononcés, contre Verrès (70),

  • et les Catilinaires, 4 discours contre Catilina, publiés seulement en 60.

→ Les traités de rhétorique : essentiellement le De Oratore en 55, 3 livres qui contiennent une théorie complète de l'éloquence.

Cicéron nous a même laissé des fragments de poèmes, et des traductions. Il avait, en effet, dans sa jeunesse, adapté du grec le poème d'astronomie élémentaire d'Aratos - les Phénomènes –, écrit au IIIe siècle av. notre ère. À la fin de sa vie, il adapte en latin, dans une mise en scène originale, le début du Timée de Platon.

Il est donc certainement un des plus grands écrivains de tous les temps. Il a été un vrai Romain, pénétré de sa dignité, dévoué à sa famille, à ses amis, à l'ordre public, à la majestas de sa patrie, et surtout un humaniste parfait.

De la République

Composé à partir de 54, le livre était terminé et publié en 51, quand Cicéron est parti en Cilicie comme proconsul.

Dans cette œuvre, qui appartient au groupe des traités philosophiques, Cicéron libère tous les « refoulements » et s'abstrait de la « cité fangeuse de Romulus », reconstituant dans cet ouvrage l'état idéal de la République romaine. Le projet primitif était de traiter ce sujet en neuf livres, sous forme d'un entretien de neuf jours, pendant les novemdiales feriae de l'année 129, entre Scipion Émilien et ses amis, peu de temps avant la mort de Scipion.

Le livre II ne raconte pas l'histoire de Rome, mais celle de son organisation politique depuis sa création par Romulus jusqu'aux Lois des XII Tables.

  1. Crédit photo : Gunnar Bach Pedersen, Source : Wikimedia Licence : Domaine Public

  2. Source : Wikimedia Licence : Domaine Public

ImprimerImprimer