La ponctuation entre propositions

Entre propositions juxtaposées

Fondamental

Entre deux propositions juxtaposées, il est très peu recommandé de se dispenser de tout signe de ponctuation : même si le lien entre les deux propositions paraît très clair, il faut marquer le passage d'une proposition à la suivante par un signe explicite.

Fondamental

La virgule n'est possible que dans quelques cas bien précis :

Lorsque la seconde proposition s'oppose à la première, elle-même étant à la forme négative :

Il ne décrit pas la liberté, il l'illustre.

Lorsque l'on a affaire aux premiers éléments d'une énumération :

À cette époque, la Pologne n'est pas encore envahie, la France discute de la meilleure façon d'éviter la guerre et les Etats-Unis sont occupés ailleurs.

Lorsque l'on a affaire à une succession de faits, que ce soit dans le cadre :

  • d'un récit

  • ou d'une généralisation :

Il entre, il le voit, il ressort.

J'arrive, je vois, je vaincs.

Lorsque la première proposition doit en fait s'interpréter comme une hypothèse à partir de laquelle la seconde est envisagée :

Elle a faim, elle mange.

Attention

Dans le cas général, on trouve un point, un point-virgule ou deux-points.

Complément

On utilise deux-points lorsque la seconde proposition est une explication ou une justification de la première, ou qu'elle énonce une conséquence de celle-ci :

  • Les contemporains de Louis XIV jugent inutiles les clauses de l'édit de Nantes : pour eux, c'est un mauvais souvenir, une erreur dans l'Histoire de France.

Complément

Le point-virgule est rarement utilisé. Cependant, il peut être précieux pour marquer que le lien est fort entre les deux propositions : on indique ainsi que celles-ci constituent les différents moments d'une même pensée :

  • On peut donc dire que « être roi » était un véritable métier ; cela devait même être une véritable vocation.

Complément

Dans les autres cas, le mieux est d'utiliser un point :

  • Être roi était un véritable métier. Assumer cette fonction était très difficile.

Entre propositions coordonnées

Fondamental

Lorsque la deuxième proposition est introduite par un adverbe coordonnant[1] (ou une locution[2] adverbiale ayant la même fonction), les deux propositions sont généralement séparées : elles se présentent comme deux temps différents dans la progression de la pensée, et relèvent de deux phrases distinctes.

Il est bienvenu dès lors de faire précéder cet adverbe d'un point qui vient clore la phrase précédente :

  • Elle leur a écrit une longue lettre pour les informer. Ainsi, elle a pu leur expliquer les raisons de son geste.

Fondamental

Lorsque les deux propositions sont reliées par une conjonction de coordination comme mais, ou, et, donc, car :

→il est possible de se contenter d'une virgule avant cette conjonction :

Selon le lecteur, la lecture sera différente, mais l'émotion est partagée.

→ tout comme il est possible de commencer une nouvelle phrase avec cette conjonction et donc de la faire précéder d'un point :

Ils ont beaucoup progressé. Mais il leur reste du chemin.

→ on pourra même se dispenser de tout signe de ponctuation, dès lors que la conjonction constitue le cœur de ce que la phrase s'efforce d'exprimer :

Cette population rencontre ici des difficultés car elle est rejetée par une partie des habitants.

Complément

La conjonction or a un comportement plus proche des adverbes coordonnants : on la fait généralement précéder d'un point.

  • Le sage est heureux. Or Socrate est sage. Donc Socrate est heureux.

Remarque

Conjonctions de coordination et adverbes coordonnants se distinguent aussi pour ce qui concerne la présence ou non d'une virgule sur leur droite. Voir l'activité suivante où cette question est traitée.

Lorsqu'une proposition est subordonnée à l'autre[3]

Remarque

On ne traite pas ici des propositions subordonnées relatives[4], des propositions subordonnées complétives[5], et même de certaines propositions que la tradition appelle circonstancielles, en l'occurrence les consécutives[6] et comparatives[7] : celles-là sont subordonnées à un nom, à un verbe ou à un adjectif.

On ne traite que des propositions subordonnées à une autre proposition[3], puisqu'il est question ici de relations entre propositions.

Remarque

Les propositions subordonnées à une autre proposition sont généralement introduites par une conjonction de subordination[8] (ou une locution[9]) :

  • Quand Paul l'a invité, il n'est pas venu.

  • Paul l'ayant invité, il n'est pas venu.

Mais il peut aussi s'agir de propositions participiales[10] : dans ce cas le verbe est au participe présent ou au participe passé, et il n'y a pas de conjonction de subordination pour les introduire.

Fondamental

Lorsque la proposition subordonnée précède l'autre, il est difficile de ne pas l'isoler par une virgule :

  • Pour que l'utilisateur comprenne ce mode de fonctionnement complexe, il faudra prévoir une série de schémas.

  • Le blog étant moins formel que le site web, le langage utilisé peut y être plus familier.

Fondamental

Lorsque la proposition subordonnée suit l'autre, il est toujours possible de l'isoler complètement en la faisant précéder d'un point : cela produit un effet de style un peu hardi mais qui peut être bienvenu :

  • de type rupture :

    • Les diplomates espéraient encore trouver un accord de paix viable. Quand l'ennemi décida d'attaquer.

  • dans le cadre d'un raisonnement dont on veut marquer la progressivité ou sous forme d'un ajout a posteriori de type "esprit escalier" :

    • Le langage utilisé peut être plus familier. Le blog étant de manière générale moins formel que le site web.

Fondamental

Pour les propositions participiales, une virgule au moins est nécessaire lorsqu'elles sont en seconde position :

  • Le langage utilisé peut être plus familier, le blog étant moins formel que le site web.

Fondamental

Pour les propositions introduites par des conjonctions de subordination (ou les locutions conjonctives) en revanche, une virgule est possible lorsqu'elles apparaissent en seconde position :

  • Les diplomates espéraient encore trouver un accord de paix viable, quand l'ennemi décida d'attaquer.

mais il est aussi possible de se dispenser de tout signe de ponctuation à partir du moment où cette conjonction constitue le cœur de ce que la phrase s'efforce d'exprimer :

  • Prévert met en scène un oiseau pour que le lecteur comprenne mieux son point de vue sur la poésie.

Conditions générales d'utilisation des deux-points

Fondamental

On utilise les deux-points :

Soit pour introduire une proposition

la proposition introduite est alors

  • soit une explication  :

  • soit une justification :

  • soit l'explicitation d'une conséquence :

Les contemporains de Louis XIV jugent inutiles les clauses de l'édit de Nantes : pour eux, c'est un mauvais souvenir, une erreur dans l'Histoire de France.

  • soit encore une citation

    alors entre guillemets (voir la rubrique Citations) :

À propos du travail de cet artiste, l'auteur explique : "Il a su transformer les règles de la perspective."

Soit pour introduire une énumération

l'énumération peut être

une série de groupes nominaux[11] :

Les changements affectent tous les plans de structuration de la langue : la phonétique, le lexique, la conjugaison et l'ensemble des règles de la grammaire.

introduits ou non par des prépositions[12] :

Elles ont beaucoup voyagé : en France, en Europe, mais aussi en Afrique et en Asie.

une série de propositions :

Ils ont tout apprécié : ils ont aimé le repas, ils ont aimé le spectacle, ils ont adoré la compagnie.

une série d'alinéas introduits chacun par des tirets ou des puces

Nous sommes partis avec :

- des provisions pour la semaine

- des habits pour la pluie et pour le froid

- des livres et des jeux

- nos téléphones et nos tablettes.

Fondamental

Avant les deux-points :

s'ils introduisent une série d'alinéas

on peut avoir une proposition incomplète que les alinéas vont compléter :

Nous sommes partis avec :

- des provisions pour la semaine

- des habits pour la pluie et pour le froid

- des livres et des jeux

- nos téléphones et nos tablettes.

s'ils introduisent une citation

on peut avoir un verbe introducteur de citation :

À propos du travail de cet artiste, l'auteur explique : "Il a su transformer les règles de la perspective."

dans le cas général

ils sont précédés d'une proposition complète

comprenant éventuellement un verbe ou un nom nommant une énumération ou une citation :

Les changements affectent tous les plans de structuration de la langue : la phonétique, le lexique, la conjugaison et l'ensemble des règles de la grammaire.

Attention

Ils ne peuvent pas être précédés ou suivis d'un terme comme tel que, comme, car ou donc visant à expliciter la relation :

  • *Beaucoup de pays ont supprimé totalement la peine de mort de leur législation : tel que le Congo, Madagascar ou encore le Suriname.

À l'écrit, les deux-points suffisent à rendre cette relation explicite.

Conditions générales d'utilisation des points-virgules

Fondamental

Le point-virgule peut relier deux propositions :

  • Ainsi, selon le lecteur, la lecture sera différente ; mais l'émotion est partagée.

Il s'agit de marquer que le lien entre ces propositions est fort et qu'elles constituent en quelque sorte les différents moments d'une même pensée.

Attention

Ces deux propositions doivent être complètes et ne doivent pas être subordonnées l'une à l'autre :

  • *[13] Même si la cigogne a rendu service au loup ; le loup aurait pu la manger sans regret.

Fondamental

Il peut aussi relier les termes d'une énumération :

  • Dans un premier temps, je vais vous présenter son profil personnel : état civil et vie familiale ; origine sociale et formation initiale ; métier et fonctions exercées.