Exercice : 1. Bien comprendre avant de résumer : cherchons qui dit quoi ...
Identifiez le point de vue de l'auteur par rapport aux différentes positions citées dans le texte suivant :
« Que chacun reste dans sa profession sans jamais en changer ». Ainsi s'ouvre l'un des capitulaires de Charlemagne, émis dans les premières années du IXe siècle. Aujourd'hui, les reconversions professionnelles n'ont jamais été si nombreuses : environ 9 % des actifs ont au moins une fois dans leur vie changé de métier. Derrière ce phénomène, on devine évidemment les effets délétères de la crise – près d'un tiers des reconversions se font après un licenciement –, mais aussi la volonté d'un grand nombre d'actifs d'avoir un travail qui leur plaise. Selon les statistiques officielles, plus de la moitié des reconversions sont en effet volontaires, même si ce pourcentage change beaucoup en fonction des domaines professionnels et de l'âge de ceux qui changent de travail. Contrôler la mobilité sociale Cela dit, la suite du capitulaire précise immédiatement que les laïcs doivent eux aussi rester dans leur condition. Si tout le monde reste à sa place, « tous vivront dans une charité et une paix parfaite » – rien que ça... Avec cette double précision, Charlemagne ne cherche pas à empêcher les reconversions professionnelles, mais à limiter au maximum la mobilité sociale. Le changement, c'est maintenant. La méfiance profonde envers la mobilité professionnelle dure plusieurs siècles : au XVIIIe siècle, Diderot écrit encore que « rien n'est plus funeste à la société que ces émigrations insensées » d'un métier à un autre. Au contraire, la pensée révolutionnaire va placer la mobilité sociale au cœur de la construction d'une société juste, composée d'égaux : comme l'écrit Rousseau, « tous les états sont indifférents, pourvu qu'on puisse en sortir : les gueux sont malheureux parce qu'ils sont toujours gueux. Pouvoir changer de métier est donc une chance énorme. La mobilité professionnelle met en évidence notre liberté individuelle dans la construction de nos vies : on peut, plus ou moins facilement certes, mais en tout cas sans blocage juridique, exercer n'importe quel métier.
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Si tout le monde reste à sa place, « tous vivront dans une charité et une paix parfaite » - rien que ça ... on peut, plus ou moins facilement certes, mais en tout cas sans blocage juridique, exercer n'importe quel métier. au XVIIIe siècle, Diderot écrit encore que « rien n'est plus funeste à la société que ces émigrations insensées » d'un métier à un autre. « Que chacun reste dans sa profession sans jamais en changer ». Selon les statistiques officielles, plus de la moitié des reconversions sont en effet volontaires, Derrière ce phénomène, on devine évidemment les effets délétères de la crise. Plus d'éléments à catégoriser | Position de l'auteur Déposez ici Positions citées auxquelles l'auteur s'oppose Déposez ici Positions citées auxquelles l'auteur adhère Déposez ici Positions citées pour donner des informations Déposez ici |
Dans le texte proposé, les positions de l'auteur sont plus exactement celles qu'il partage avec son lectorat et "les gens" en général. Le "je" qui prend position est ainsi inclus dans le pronom "on". L'attribution de la position à un vaste ensemble (énonciateur + co-énonciateur + "les gens") dont l'auteur fait partie, explique pourquoi ce dernier a recours à des modalisateurs ("évidemment" ; "plus ou moins facilement ") permettant de souligner ou de nuancer la prise de position commune.
L'auteur s'oppose à la mise en relation faite par Charlemagne entre immobilité sociale ("si tout le monde reste à sa place") et paix sociale ("tous vivront dans une charité et une paix parfaite"). L'opposition se manifeste par l'expression ironique "rien que ça" et les points de suspension.
La position citée à laquelle l'auteur adhère est celle de la statistique (et donc des statisticiens). Le groupe prépositionnel "Selon les statistiques officielles" signale un changement de source énonciative qui vient consolider la position prise en charge par l'ensemble "on".
Les positions citées pour donner des informations correspondent à des segments au discours direct, localisés par des séquences qui le précèdent ("au XVIIIe siècle, Diderot écrit encore que" ...) ou le suivent ("Ainsi s'ouvre l'un des capitulaires de Charlemagne, émis dans les premières années du IXe siècle"). Ces séquences contiennent un verbe de parole "neutre", le nom de l'énonciateur et l'indication de la période historique). Les positions attribuées à ces sources historiques ont une valeur informative et doivent permettre au lecteur de prendre connaissance de l'évolution du concept de la mobilité sociale.