Exercice : Sans indices
Pour chacun des exercices qui suivent, il vous est demandé de déterminer le registre d'un extrait, divers éléments permettant d'identifier ce registre, ou les nuances qui peuvent être appréciées dans l'extrait.
1.
J'avais un peu d'argent, je dis : « Je vais me faire construire une petite maison. » Je vois un entrepreneur de béton armé. Je lui dis : « Ça va me coûter combien ? - Quinze briques ! - Bon ! Je vais me renseigner... » Je vais voir un copain qui est du bâtiment. Je lui dis : « Une brique... combien ça vaut ? -Deux thunes ! » Je retourne voir l'entrepreneur. Je lui dis : « Pour une thune, qu'est-ce que je peux avoir ? - Des clous ! » Je retourne voir mon copain. Je lui dis : « Dis donc, il veut me faire payer les clous ! -Il n'a pas le droit ! » Je refonce voir l'entrepreneur ... Je lui dis : « Je veux bien payer, mais pas pour des clous ! - Vous n'êtes pas obligé de payer comptant... - Content ou pas content, je suis obligé de payer ? »
|
Ce texte relève du registre :
Votre choixChoix attenduRéponse
Ce texte relève du registre comique. Il vise à provoquer le rire, à amuser. L'effet comique est produit par le décalage au niveau de la réception du mot comptant.
Les registres satiriques et parodiques se rattachent également au type général "comique" , mais ils se distinguent de la tonalité comique générale par l'effet recherché et par le fonctionnement. Le texte satirique critique, en se moquant, les défauts d'un individu, d'un comportement. L'objectif de la parodie est de faire rire, mais ce rire est provoqué par l'imitation d'un texte sérieux.
On peut exclure d'emblée la proposition dialogal car un registre de ce type n'existe pas.
2.
A quel registre correspondent les caractéristiques suivantes ?
- récit d'événements invraisemblables
- temporalité imprécise ("il était une fois...")
- personnages stéréotypés (anges, princes, rois, chevaliers, etc.)
- schéma narratif simple
Votre choixChoix attenduRéponse
Les caractéristiques proposées correspondent au registre merveilleux. On parle de merveilleux lorsque le surnaturel se mêle à la réalité. A la différence du registre fantastique, la présence du surnaturel est acceptée comme telle par le lecteur (par exemple dans les contes de fées).
On parle d'un registre burlesque lorsqu'un texte évoque un sujet noble ou héroïque de manière familière ou vulgaire.
Le conte et la fable sont des genres et non pas des registres.
3.
La raison du plus fort est toujours la meilleure : Nous l'allons montrer tout à l'heure.
|
Dans quel registre s'inscrivent ces vers de La Fontaine ?
Votre choixChoix attenduRéponse
Il s'agit du registre didactique qui consiste à instaurer une relation d'enseignement. Cette relation peut être créée entre l'auteur ou le narrateur et le lecteur, ou bien entre deux personnages. Celui qui joue le rôle de maître se présente comme détenteur de la vérité (présent de vérité générale) et annonce une démonstration de cette vérité par son récit.
Le registre oratoire cherche a impressionner le lecteur dans le but de le convaincre ou de le persuader. Il est caractéristique du texte argumentatif. C'est le ton du plaidoyer ou du réquisitoire.
Le narratif est un type de texte et le récit bref un sous-genre.
4.
C'est en adoptant quel registre que Racine s'adresse dans la dédicace d'Andromaque à la belle-sœur du roi Louis XIV ?
Madame, Ce n'est pas sans sujet que je mets votre illustre nom à la tête de cet ouvrage. Et de quel autre nom pourrais-je éblouir les yeux de mes lecteurs, que de celui dont mes spectateurs ont été si heureusement éblouis ? On savait que VOTRE ALTESSE ROYALE avait daigné prendre soin de la conduite de ma tragédie. On savait que vous m'aviez prêté quelques-unes de vos lumières pour y ajouter de nouveaux ornements. On savait enfin que vous l'aviez honorée de quelques larmes dès la première lecture que je vous en fis (...). Mais, MADAME, ce n'est pas seulement du cœur que vous jugez de la bonté d'un ouvrage, c'est avec une intelligence qu'aucune fausse lueur ne saurait tromper. Pouvons-nous mettre sur la scène une histoire que vous ne possédiez aussi bien que nous ? Pouvons-nous faire jouer une intrigue dont vous ne pénétriez tous les ressorts ? Et pouvons-nous concevoir des sentiments si nobles et si délicats qui ne soient infiniment au-dessous de la noblesse et de la délicatesse de vos pensées ?
|
Votre choixChoix attenduRéponse
Il s'agit du registre laudatif ou élogieux qui consiste à faire l'éloge de quelqu'un ou de quelque chose (termes valorisants, procédés d'amplification, hyperboles, superlatifs...). Le registre laudatif est relativement facile à repérer dans un texte, puisqu'il est essentiellement destiné à faire naître l'admiration du lecteur pour les qualités de l'objet, de la personne ou de l'institution évoqués dans le texte. On peut nuancer cette notion d'admiration en signalant qu'il peut également s'agir d'obtenir du lecteur qu'il reconnaisse la valeur supérieure de cet objet, personne ou institution.
Les trois autres propositions ne conviennent pas. En effet, le registre pathétique inspire au lecteur des émotions tristes (compassion) ; les registres parodique et burlesque sont des nuances du registre comique. L'auteur ne souhaite pas provoquer des rires, mais il fait éloge de la belle-sœur du Roi.
5.
Deux chambres, une salle à manger et une cuisine où des sièges recollées erraient de pièce en pièce selon les besoins, formaient tout l'appartement que Madame Caravan passait son temps à nettoyer. ( |
Dans quel registre s'inscrit cet extrait ?
Votre choixChoix attenduRéponse
Cet extrait est représentatif du registre réaliste qui cherche à rendre compte du réel sans l'embellir. Ce registre fourmille de détails authentiques ("... où des sièges recollées erraient de pièce en pièce selon les besoins") afin de produire un effet de réel. Même si la situation décrite dans l'extrait proposé peut paraître tragique à certains, il ne s'agit pas du registre tragique. Ce dernier inspire l’effroi (devant la puissance du destin) et la pitié.
Les réponses 3 et 4 ne désignent pas un registre. Elles renvoient au type de texte (pour le descriptif) et à la notion de genre (pour le récit bref).
6.
Quels registres se mélangent dans l'extrait suivant du discours de Robert Badinter sur l'abolition de la peine de mort ?
(...) La France a été parmi les premiers pays du monde à abolir l'esclavage, ce crime qui déshonore encore l'humanité. Il se trouve que la France aura été, en dépit de tant d'efforts courageux l'un des derniers pays, presque le dernier - et je baisse la voix pour le dire - en Europe occidentale, dont elle a été si souvent le foyer et le pôle, à abolir la peine de mort. Pourquoi ce retard? Voilà la première question qui se pose à nous. Ce n'est pas la faute du génie national. C'est de France, c'est de cette enceinte, souvent, que se sont levées les plus grandes voix, celles qui ont résonné le plus haut et le plus loin dans la conscience humaine, celles qui ont soutenu, avec le plus d'éloquence la cause de l'abolition. Vous avez, fort justement, Monsieur Forni, rappelé Hugo, j'y ajouterai, parmi les écrivains, Camus. Comment, dans cette enceinte, ne pas penser aussi à Gambetta, à Clemenceau et surtout au grand Jaurès? Tous se sont levés. Tous ont soutenu la cause de l'abolition. Alors pourquoi le silence a-t-il persisté et pourquoi n'avons-nous pas aboli? Je ne pense pas non plus que ce soit à cause du tempérament national. Les Français ne sont certes pas plus répressifs, moins humains que les autres peuples. Je le sais par expérience. Juges et jurés français savent être aussi généreux que les autres. La réponse n'est donc pas là. Il faut la chercher ailleurs. Pour ma part j'y vois une explication qui est d'ordre politique. Pourquoi? (...)
|
Votre choixChoix attenduRéponse
Ce discours est un plaidoyer retentissant contre une "justice qui tue". Il relève du registre oratoire et donc d'un registre qui veut frapper les esprits (pour convaincre ou persuader l'auditoire). Il suppose différents procédés comme, l'emploi de la première personne, les apostrophes, les questions rhétoriques, les répétitions. Ces procédés ont pour fonction d'augmenter l'effet du discours sur le destinataire.
Le registre oratoire est caractéristique du discours argumentatif car ce dernier est mis en place pour convaincre ou persuader. Attention, le registre argumentatif n'existe pas !
Cet extrait est également caractérisé par la présence d'une tonalité laudative (ou élogieuse), quand l'orateur évoque le "génie national", "les plus grandes voix qui ont soutenu la cause de l'abolition".
7.
[Un billet anonyme a prévenu qu'« un crime serait commis pendant la première messe du Jour des Morts ».] Encore quatre minutes ! Les oraisons. Le dernier Évangile ! Et ce serait la sortie ! Et il n'y aurait pas eu de crime ! Car l'avertissement disait bien : la première messe... La preuve que c'était fini, c'est que le bedeau se levait, pénétrait dans la sacristie... La comtesse de Saint-Fiacre avait à nouveau la tête entre les mains. Elle ne bougeait pas. La plupart des autres vieilles étaient aussi rigides. « Ite missa est...»... « La messe est dite »... Alors seulement Maigret sentit combien il avait été angoissé. Il s'en était à peine rendu compte. Il poussa un involontaire soupir. Il attendit avec impatience la fin du dernier Évangile, en pensant qu'il allait respirer l'air frais du dehors, voir les gens s'agiter, les entendre parler de choses et d'autres... Les vieilles s'éveillaient toutes à la fois. Les pieds remuaient sur les froids carreaux bleus du temple. Une paysanne se dirigea vers la sortie, puis une autre. Le sacristain parut avec un éteignoir, et un filet de fumée bleue remplaça la flamme des bougies. Le jour était né. Une lumière grise pénétrait dans la nef en même temps que des courants d'air. Il restait trois personnes... Deux... Une chaise remuait... Il ne restait plus que la comtesse, et les nerfs de Maigret se crispèrent d'impatience... Le sacristain, qui avait terminé sa tâche, regarda Mme de Saint-Fiacre. Une hésitation passa sur son visage. Au même moment le commissaire s'avança. Ils furent deux tout près d'elle, à s'étonner de son immobilité, à chercher à voir le visage que cachaient les mains jointes. Maigret, impressionné, toucha l'épaule. Et le corps vacilla, comme si son équilibre n'eût tenu qu'à un rien, roula par terre, resta inerte. La comtesse de Saint-Fiacre était morte.
|
Dans cet extrait, l'auteur exploite le registre :
Votre choixChoix attenduRéponse
Cet extrait d'un roman policier est caractérisé par l'utilisation du registre fantastique. C'est le registre d'un texte dans lequel des événements étranges et inexplicables font irruption dans un univers réaliste. Le registre fantastique provoque la peur, inquiète, fait hésiter le lecteur (et le narrateur) entre une explication surnaturelle et une explication rationnelle et logique des phénomènes.
8.
Des habitants de la commune de Muri, en Suisse, ont trouvé un motif pour refuser d'accueillir des réfugiés. Il est question de construire, à Muri, un centre d'hébergement à côté du club de tennis. Une pétition circule pour qu'il n'en soit rien, car « le bruit pourrait déranger la concentration des joueurs ». Cette objection ne manque pas de pertinence. Le réfugié n'est pas seulement, en effet, un pauvre dépourvu de manières. Il vient fréquemment d'un pays peu développé où, faute de télévision, les gens ont conservé l'habitude déplorable de se réunir pour converser, voire pour chanter en tapant dans leurs mains ou sur une casserole. Et comme le réfugié est souvent mélancolique, il lui arrive plus qu'à d'autres d'empoigner sa casserole ou même une guitare achetée avec le pécule donné par l'ONU et d'entamer des mélopées pleines de nostalgie et de décibels. – Leconte lui-même a perdu des matches pour moins que ça.
|
L'auteur de ce texte exploite le(s) registre(s) :
Votre choixChoix attenduRéponse
Ce sont les registres ironique et satirique.
Le registre ironique consiste à se moquer de gens ou d'idées en faisant semblant d'être d'accord avec eux ; on dit le contraire de ce que l'on pense, non pas dans le but de mentir, mais dans celui de rire ou faire rire (= faire entendre autre chose que ce que 'on dit).
Le registre satirique utilise le comique pour dénoncer, critiquer des personnes, des idées, des mœurs (des comportements) en les ridiculisant.
Pour faire de la satire, on peut donc employer l'ironie, mais on peut aussi se moquer directement de quelqu'un ou de quelque chose sans passer par l'ironie.
9. Du registre à l'auteur
Le vieux monsieur indigne qui a comparu devant la cour d'assises de Versailles avait en effet quelque chose d'un spectre. L'accusé avait passé le plus clair de son temps dans la clandestinité depuis la libération pour fuir la justice. La clandestinité dans laquelle il s'était glissé avec sa famille, durant près de quarante ans, avait de quoi sidérer. Vivant sous des noms d'emprunt, hébergé tantôt par des amis nostalgiques du régime de Vichy, tantôt par des prêtres trop candides ou d'un autre siècle, "Monsieur Paul" avait usé ses forces et sa vie à jouer les passe-muraille, allant de cache en cache comme un sanglier blessé. |
Votre choixChoix attenduRéponse
Ce texte a été écrit par un journaliste.
Faire une hypothèse sur le statut de l'auteur revient à définir la visée pragmatique du texte. Les éléments rapportés sur la personne accusée ne sont pas ceux d'un dramaturge, puisque présentés sous une forme narrative. Il ne s'agit pas néanmoins d'un romancier, car le personnage n'est pas "construit", ne nous est pas donné à découvrir par une mise en scène progressive. Ce pourrait être un texte d'historien, mais la phrase d'introduction situe l'événement dans le système du discours ("a comparu"), avec un ancrage dans l'univers du narrateur, et installe un rapport personnel avec lui (impression "d'un spectre") qui lui confère un statut de témoignage. Les qualificatifs attribués au personnage ("vieux monsieur indigne"", "sanglier blessé", etc.) relèvent davantage du journalisme. Un historien aurait été plus objectif.
10. Du registre à l'auteur
A la vérité, le règne de la liberté commence seulement à partir du moment où cesse le travail dicté par la nécessité et les fins extérieures ; il se situe donc, par sa nature même, au-delà de la sphère de la production matérielle proprement dite. Tout comme l'homme primitif, l'homme civilisé est forcé de se mesurer avec la nature pour satisfaire ces besoins, conserver et reproduire sa vie ; cette contrainte existe pour l'homme dans toutes les formes de la société et sous tous les types de production. |
Ce texte a été écrit par :
Votre choixChoix attenduRéponse
Ce texte a été écrit par un philosophe.
On peut hésiter entre le philosophe et l'ethnologue. Mais s’il s’était agi d'un ethnologue, il y aurait eu une analyse avec des exemples ou des références plus précises. Or, le vocabulaire est philosophique ("nécessités et fins...") et le discours reste général et abstrait.