Les différents modes de mise en relation

Pour relier des propositions entre elles, on dispose de trois grands modes de mise en relation : juxtaposition, coordination, subordination.

JUXTAPOSITION

Fondamental

On peut juxtaposer deux propositions au sein d'une même phrase ou en les plaçant dans deux phrases différentes :

  • Il entre, je sors.

  • Il entre. Elle est debout devant la fenêtre.

Attention

Les valeurs obtenues ne sont pas identiques, la première proposition tendant à être plus hypothétique lorsqu'elle est dans la même phrase que l'autre :

  • Il entre, je sors = S'il entre, je sortirai.

Complément

On a aussi des propositions juxtaposées au sein d'une même phrase, dont l'une des deux est au participe présent[1] :

  • Pierre m'ayant appelée, je suis sortie.

  • Je suis sortie, Pierre m'ayant appelée.

Dans ce cas la proposition au participe présent tend à s'interpréter comme une cause de l'autre proposition, qu'elle la précède ou qu'elle la suive.

COORDINATION

Fondamental

On peut coordonner deux propositions à l'aide d'une conjonction de coordination[2] ou à l'aide d'un adverbe coordonnant ou d'une locution adverbiale coordonnante[3]  :

  • Il veut venir mais il n'a pas le temps en ce moment.

  • Il veut venir. Cependant, il n'a pas le temps en ce moment.

  • Il veut venir. En revanche, il ne veut pas rester trop longtemps.

Syntaxe

Les conjonctions de coordination et les adverbes coordonnants ou locutions adverbiales se distinguent par leur mobilité respective : les seconds peuvent toujours être déplacés à côté du verbe, ce qui n'est pas le cas en général des premiers.

Ainsi il a pu retrouver sa famille.

En effet, il était extrêmement triste.

=>

Il a ainsi pu retrouver sa famille.

Il était en effet extrêmement triste.

Car il dormait très bien.

=>

* Il dormait car très bien.

C'est là un critère efficace pour distinguer conjonctions et adverbes.

Attention : il y a deux exceptions.

donc est classé parmi les conjonctions de coordination mais peut être placé près du verbe

Il est donc parti.

puis est classé parmi les adverbes mais ne peut pas placé près du verbe

* Il est puis parti.

Attention

Les valeurs obtenues ne sont pas identiques, et il y a des liens que l'on ne peut exprimer que par une conjonction : notamment la conjonction or a un sens vraiment particulier :

  • Il a beaucoup de travail. Or, il est épuisé.

    → or introduit un élément extérieur, comme le ferait une locution adverbiale comme par ailleurs ; mais avec or, la proposition est simplement un fait, alors que par ailleurs introduit plutôt un complément.

Quant aux adverbes, ils sont particulièrement nombreux, et les nuances qu'ils expriment sont irréductibles aux simples valeurs d'ajout, d'alternative, d'opposition, de déduction ou de justification exprimées respectivement par et, ou, mais, donc, ou car. On en donne deux exemples seulement.

  • Il est épuisé. De fait, il a beaucoup de travail.

    de fait marque non seulement une justification de la proposition qui précède, mais aussi une confirmation de sa véracité : "on ne peut pas contester son épuisement, vu le travail qui est le sien".

  • Elle est sortie. Puis, elle a pris le bus.

    puis marque une relation temporelle de succession entre deux événements bien séparés, quand et, qui ne marque pas nécessairement une relation temporelle, tendrait à les enchaîner.

Les deux moyens n'en sont pas moins également possibles.

Complément

On peut coordonner deux propositions avec une conjonction de coordination au sein d'une même phrase ou en les plaçant dans deux phrases différentes :

  • Il entre et il la voit.

  • Il accepte de venir. Mais il ne restera pas longtemps.

Avec les adverbes coordonnants et les locutions adverbiales, on a plutôt deux phrases différentes :

  • Il est passé. En effet, il voulait la voir.

Sur les problèmes de ponctuation en général, on peut consulter le module consacré à ces questions : voir le module Ponctuer.

SUBORDINATION

Fondamental

On peut subordonner une proposition à l'aide d'une conjonction de subordination ou d'une locution conjonctive[4]  :

  • Il vient toujours lorsqu'elle est absente.

  • Il voudra venir si elle est absente.

  • Il veut venir parce qu'elle est absente.

  • Il veut venir bien qu'elle soit absente.

Syntaxe

Les conjonctions de subordination sont :

que, si, comme, quand, lorsque, puisque et quoique.

Les locutions conjonctives sont formées généralement avec que, parfois avec si, aussi avec quand :

bien que, après que, ainsi que, plus que, soit que, tandis que, bien que, pendant que, de sorte que, etc.

sauf si, même si, etc.

quand bien même

Complément

Certaines conjonctions de subordination ou locutions conjonctives sont suivies d'une proposition dont le verbe est au subjonctif [5]:

  • Il veut venir bien qu'elle SOIT absente.

  • Il veut venir pour que nous PUISSIONS le rencontrer.

  • Il veut venir de sorte que nous PUISSIONS le rencontrer

  • Il viendra à condition qu'on lui FASSE parvenir une invitation.

On connaît généralement la liste des locutions concernées, une liste qui semble pour l'essentiel mémorisée par tous les locuteurs de la langue. Ainsi, les francophones emploient généralement le subjonctif dans ce cas sans même avoir à y réfléchir.

Attention

Lorsqu'une proposition est subordonnée à l'autre, elle peut la suivre comme la précéder :

Il vient toujours lorsqu'elle est absente.

=>

Lorsqu'elle est absente, il vient toujours.

Il voudra venir si elle est absente.

=>

Si elle est absente, il voudra venir.

Il veut venir parce qu'elle est absente.

=>

Parce qu'elle est absente, il veut venir.

Il veut venir bien qu'elle soit absente.

=>

Bien qu'elle soit absente, il veut venir.

Cependant, les subordonnées qui sont attachées à un mot de la proposition dont elles dépendent, ne peuvent pas être déplacées : c'est le cas pour une partie des propositions exprimant la conséquence ou la comparaison :

CONSÉQUENCE

Ils sont tellement tristes que nous ne savons plus comment les réconforter.

MAIS

*[6] Que nous ne savons plus comment les réconforter, ils sont tellement tristes.

OU

* Tellement tristes que nous ne savons plus comment les réconforter, ils sont.

COMPARAISON

Tout cela finit plus tristement que je ne l'aurais voulu.

MAIS

* Que je ne l'aurais voulu, tout cela finit plus tristement.

OU

* Plus tristement que je ne l'aurais voulu, tout cela finit.

Attention

Comme c'est le cas pour tous les constituants d'une phrase, placer une proposition subordonnée dans une autre phrase  relève d'un effet de style marqué :

  • Il veut venir. Bien qu'elle soit absente.

  • Il veut venir. Avec des amis.

Une telle ponctuation marque un effet d'après coup (comme lorsque l'on dit que l'on a l'esprit d'escalier), ou au contraire un fort effet d'insistance visant à asséner le constituant ainsi ajouté et isolé.

On comparera avec les adverbes coordonnants, pour qui il est au contraire attendu qu'ils introduisent une phrase séparée :

  • Il veut venir. Pourtant, elle est absente.

Sur les problèmes de ponctuation en général, on peut consulter le module consacré à ces questions : voir le module Ponctuation entre propositions.

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