Comprendre
Ci-dessous nous vous proposons un exercice où toutes les configurations ont été mélangées : des participes sans auxiliaires, avec auxiliaire être, avec auxiliaire avoir, avec formes pronominales, essentiellement ou pas.
L'idée est d'essayer de trouver une méthode unique permettant de décider de l'accord dans chaque cas.
On suppose que le participe s'accorde comme un adjectif, avec ce dont il décrit l'état : essayez de suivre cette piste, vous verrez si vous retrouvez les bons accords en vous demandant simplement quel est le terme dont ce participe décrit l'état.
N'oubliez pas de cliquer à la fin sur Et là encore, à la suite, vous trouverez des explications générales sur la façon de procéder, ainsi que des explications ciblées pour chaque mot si vous cliquez dessus dans la reprise qui suit. |
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Vous pouvez aussi, si vous le préférez, aller directement lire la fiche synthétique qui reprend tous les résultats, sans passer de temps sur la correction des exercices, où tout est redit plusieurs fois. |
Des participes pour décrire des états
Dans les phrases ci-dessous, il vous est demandé de remplir les trous. Demandez-vous pour cela quel est le terme dont on décrit l'état.
Attention à ne pas ajouter d'espace avant ou après les lettres que vous ajoutez, attention à ne pas mettre d'espace dans les trous que vous voulez laisser vides. |
Que l'on ait affaire à un participe sans auxiliaire, à un verbe non pronominal conjugué avec l'auxiliaire être, à un verbe essentiellement pronominal, à un verbe conjugué avec l'auxiliaire avoir ou à un verbe pronominal en général, l'idée est en définitive toujours la même : le participe s'accorde, tel un adjectif, avec ce qu'il qualifie, ou plus précisément avec ce dont il prétend décrire l'état[1].
De fait, la question clé pour trouver le terme qualifié par un participe de forme V-é employé sans auxiliaire sera :
"Qu'est-ce qui est V-é ?" ou "Qui est-ce qui est V-é ?"
Or, c'est la même question que celle qui permet de trouve le sujet des verbes non pronominaux conjugués avec l'auxiliaire être :
"Qu'est-ce qui est V-é ? ou "Qui est-ce qui est V-é ?"
La présence de cet auxiliaire être fait que les critères pour identifier sujet et terme qualifié, tels que vus dans le module Accords à distance,en viennent à coïncider.
Et par ailleurs, c'est aussi la même question que celle qui permet de trouver le complément d'objet direct des verbes qui en ont (verbes pronominaux et verbes conjugués avec l'auxiliaire avoir) - avec un auxiliaire être et un participe passé utilisés pour passiver[2] le verbe V de départ :
"Qu'est-ce qui est V-é ? ou "Qui est-ce qui est V-é ?"
Une convergence importante, qui souligne le lien entre sujet et objet, mais aussi en participe et adjectif, et qui ... donne une piste décisive pour comprendre ce qui se joue dans cette grande affaire de l'accord du participe passé.
Dans l'immédiat, elle donne aussi une méthode très simple pour résoudre tous les cas - ou presque - d'accord du participe passé.
Tous les cas ou presque, parce que restent les verbes essentiellement pronominaux, pour lesquels on ne peut pas employer la forme V-é sans pronom réfléchi[3]. Pour ceux-là on ne peut que chercher directement ce dont le verbe décrit l'état : il faut alors reformuler le verbe de manière à pouvoir se poser la question d'une façon qui soit adaptée et qui ait du sens.
La méthode est plus aléatoire et moins mécanique, mais on va voir qu'elle est opérante : on trouve ainsi effectivement le complément d'objet quand il y en a un, parce que c'est bien lui qui désigne le terme dont le verbe décrit l'état ; et on trouve le sujet sinon, parce que c'est de fait lui qui en l'absence de complément d'objet désigne ce terme dont on décrit l'état.
Plutôt que distinguer 5 ou 6 cas, selon la nature de l'auxiliaire, selon la position du complément, selon la nature du verbe, il est donc préférable de s'en tenir à une et une seule question :
"Qu'est-ce qui est V-é ?" ou "Qui est-ce qui est V-é ?"
ou sa reformulation (aussi fidèle que possible) dans le cas des essentiellement pronominaux.
L'accord du participe se fera avec le terme qui répond à cette question, à deux exceptions près : lorsque ce terme est un complément d'objet direct et qu'il suit le verbe ; ou lorsque l'on a affaire à un participe sans auxiliaire comme vu, ci-joint ou excepté et que son complément le suit (voir le début du module : ci-joint trois lettres)
On peut s'étonner de cette contrainte positionnelle, qui ne vaut pas en revanche pour le sujet des verbes conjugués avec l'auxiliaire être :
Chez lui sont passées plusieurs personnes : bien que le sujet (plusieurs personnes) suive le verbe, l'accord se fait.
L'idée est que lorsque ces compléments sont postposés, on se retrouve dans une structure verbale et non plus adjectivale parce qu'on n'en est pas à décrire l'état de ce que désigne ces compléments. Pour que l'on décrive leur état, il faut qu'ils soient antéposés, et qu'ainsi le participe fasse bien figure de ce qu'on en dit.
Il y aurait donc aussi une raison à cette affaire de position : selon que le complément est ou n'est pas postposé, le participe s'interprète différemment ; avec un complément postposé, il est verbal, réfère à un processus[4] et le complément fait figure d'objet visé par ce processus ; avec un complément antéposé, il est plus adjectival, réfère à un état[1], et le complément est ce dont il s'agit de décrire l'état.
La clé de l'histoire serait bien par conséquent que le participe passé, tout comme le participe présent, oscille entre un fonctionnement de type adjectival (avec accord) et un fonctionnement verbal (sans accord en genre ou en nombre).
On en vient par conséquent à l'idée qu'il y a bien une seule question à poser pour déterminer ce avec quoi le participe s'accorde, mais qu'il y a deux solutions pour la réponse : si la question porte sur un état, l'accord se fait ; si la question porte sur l'objet d'un processus en cours, il n'y a aucune raison de faire l'accord, le participe n'ayant pas alors un statut adjectival. C'est cette différence que marque la différence de position : les compléments postposés sont l'objet du processus, mais n'ont pas leur état décrit par le verbe en jeu.
Une seule question mais deux solutions, et donc une réserve pour les compléments d'objet postposés : telle est la méthode que l'on a suivie pour déterminer l'accord des participes de l'exercice : vous trouvez ci-dessous l'application de cette méthode pour chacun des participes concernés.
Dès le 10 août, la ministre de la santé et la ministre de l'écologie et du développement durable ont informé[5] le public, par le biais des médias, des problèmes que posait la canicule sur la production d'énergie.
C'est une façon très puissante de faire en sorte que les industries, française et européenne, puissent reprendre, dans le domaine de la mobilité, une avance qu'elles avaient il y a 50 ans et qu'elles ont perdue[6] au profit de TOYOTA avec sa PRIUS.
Certes, la forêt française a été gravement touchée[7] par les événements de l'été, notamment avec les incendies de forêt qui se sont multipliés[8] jusqu'aux abords des villes du sud-est (...) mais la pérennité de la forêt ne semble pas menacée[9], notamment du fait de son étendue et de sa vitalité.
La jurisprudence ne retient la responsabilité de l'Etat qu'en cas de faute lourde, si les autorités (...) se sont abstenues[10] d'agir alors qu'il était possible d'éviter la situation génératrice des dégâts (...)
Les sites étaient hébergés[11] sur des serveurs de l'université de Bucarest en Roumanie que se sont appropriés[12] des personnes mal intentionnées.[13]
C'est dire que pour le participe passé, comme pour le participe présent traité dans le module précédent, la question essentielle pour décider de l'accord est de savoir si le participe passé en question a le fonctionnement d'un adjectif (s'accordant avec ce sur quoi il porte, sujet ou objet), ou s'il a le fonctionnement d'un verbe (ne s'accordant pas).
Telle est la vraie raison de ces règles d'accord du participe passé qui paraissent difficiles parce qu'on s'est focalisé sur les auxiliaires et non sur les valeurs : le participe passé s'accorde quand et seulement il peut être tenu pour un adjectif.
La tradition scolaire a décidé que cette opposition entre fonctionnement verbal et fonctionnement adjectival devait correspondre strictement à l'opposition de position pour les compléments d'objet direct : lorsque le complément est postposé, le participe a un fonctionnement verbal ; lorsqu'il est antéposé le participe a un fonctionnement adjectival. Dans les faits, on ne voit pas comment l'opposition pourrait être si tranchée : si pour le participe présent l'opposition était nette, avec des structures syntaxiques nettement différentes, pour les participes passés on a une situation plus floue avec des participes souvent un peu à cheval entre les deux catégories du verbe et de l'adjectif, ni véritablement verbes, ni véritablement adjectifs ; et surtout, l'opposition ne correspond que partiellement à une différence de position.
Le fait est qu'avec les participes pour lesquels l'accord est perceptible dans la mesure où ils terminent par un consonne latente[14] susceptible de se réaliser devant le e du féminin (dit, fait, écrit, pris, etc.), on observe à l'oral plus de variation que ce que l'on pourrait attendre si les règles enseignées à l'école étaient appliquées strictement. Ces variations sont liées au fait que l'on ne connaît pas bien les règles scolaires. Mais elles sont liées aussi au fait que la situation est plus ambiguë que ne le voudrait la tradition scolaire.
Plutôt que 6 règles arbitraires à appliquer sans comprendre, il faut mieux une orthographe qui ait du sens, quitte à ce que parfois elle soit indécidable, quand le sens se trouve être indécidable. Au moins permet-elle d'écrire en réfléchissant non pas aux règles mais à ce que l'on veut effectivement signifier : ce qui constitue le véritable enjeu de l'orthographe telle que nous la concevons - écrire en pensant à ce que l'on veut dire.
Nous vous proposons donc cette méthode unique. Dans la plupart des cas, elle vous donnera les mêmes résultats que les 6 ou 7 règles de l'école. Dans les autres cas, elle ne saura pas trancher .. parce qu'il n'y a pas lieu de trancher. Vous pourrez alors en revenir à la seule question de la position, pour être certains de répondre comme la grammaire scolaire le voudrait.
Voilà : vous connaissez maintenant ce qui constitue la véritable règle d'accord des participes passés, qui vaut pour tous les participes passés, quelle que soit la configuration. Reste à vérifier que vous avez bien compris la méthode à suivre. Pour cela, à vous de jouer : répondez aux questions qui suivent et formulez vous-mêmes les explications qui viennent d'être vues. |
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