Accord avec le complément d'objet direct antéposé

La règle avec avoir

FondamentalLes formes en avoir

Employé avec l'auxiliaire avoir, le participe permet de construire les temps composés de la plupart des verbes - tous ceux qui ne se construisent pas avec l'auxiliaire être  :

dormir, commencer, comprendre, finir, entendre, avoir, voir, etc.

Hier, elle A dormi.

Il AVAIT commencé à accepter son sort avec le temps.

Elles AURAIENT compris.

Vous AUREZ fini à ce moment-là.

Quand les voisins EURENT entendu la nouvelle, ils se réjouirent.

Je veux que tu AIES eu le temps de passer les voir. AIE fini à midi.

FondamentalLa règle

Les participes passés associés à l'auxiliaire avoir s'accordent en genre et nombre avec le complément d'objet direct du verbe si et seulement si ce complément d'objet direct se trouve placé avant le verbe :

Elles ont dormi.

Le verbe n'a pas de complément d'objet direct.

Le participe passé ne s'accorde pas.

Elles ont réparé leurs lunettes.

Le complément d'objet direct du verbe est placé après le verbe.

Le participe passé ne s'accorde pas.

Les lunettes, je les ai réparées.

Le complément d'objet direct du verbe est le pronom[1] les, qui a pour antécédent les lunettes. Il est placé avant le verbe.

Le participe passé s'accorde avec les et donc avec les lunettes.

Les lunettes que j'ai réparées.

Le complément d'objet direct du verbe est le pronom relatif[2] que, qui a pour antécédent les lunettes. Il est placé avant le verbe.

Le participe passé s'accorde avec que et donc avec les lunettes.

Méthode

Pour savoir comment accorder un participe passé associé à l'auxiliaire avoir :

On cherche si le verbe ainsi construit possède un complément d'objet direct.

On regarde quelle est la position de ce complément d'objet direct.

Si ce complément d'objet direct précède le verbe :

Le participe passé s'accorde avec ce complément d'objet direct.

S'il le suit ou s'il n'y a pas de complément d'objet direct :

Le participe passé ne s'accorde pas.

RemarqueUne règle qui n'a rien d'universel

Cette règle n'a rien d'universel comme on le constate en examinant des langues mêmes proches : en espagnol par exemple, on n'accorde jamais le participe passé employé avec avoir.

La situation de l'italien est particulièrement intéressantes : l'accord ne dépend pas mécaniquement de la position du complément d'objet direct :

En italien

Lorsque le complément d'objet direct précède le verbe :

Il n'y a pas accord dans les constructions où le complément d'objet est un pronom relatif[2]  :

  • La lettre que j'ai écrit

Il y a accord en revanche dans les constructions où le complément d'objet a été repris par un pronom personnel complément[1] :

  • Cette lettre, je l'ai écrite

Or, en italien comme en espagnol, l'accord s'entend nettement à l'oral : masculin, féminin, singulier et pluriel se distinguent par des finales nettement différenciées. On peut donc, plus qu'en français, s'appuyer sur l'intuition des gens qui emploient ces formes pour comprendre les règles en usage.

Qu'est-ce que le complément d'objet direct ?

MéthodeChercher le complément d'objet direct

Pour trouver le complément d'objet direct d'un verbe, il faut se souvenir des trois points qui suivent :

1.

Les verbes d'état[3] et les verbes de mouvement se conjuguant avec l'auxiliaire être n'ont jamais de complément d'objet direct.

2.

Les verbes au passif[4] n'ont jamais de complément d'objet direct.

3.

Pour tous les autres verbes, on trouve le terme qui sert de complément d'objet direct à un verbe V en se demandant  :

Il mange du pain.

"Qu'est-ce qui EST mangé ? - Le pain."

Donc du pain est complément d'objet direct du verbe manger.

Attention

Contrairement à ce que l'on dit encore souvent, le complément d'objet direct ne se reconnaît pas au fait qu'il réponde à la question "quoi ?"

En effet, beaucoup de termes qui ne sont pas des compléments d'objet direct pourraient répondre à une telle question :

Il est devenu professeur.

"Il est devenu quoi ? - professeur."

Pourtant professeur n'est pas un complément d'objet direct mais est l'attribut du sujet il.

Je ne sais pas où est mon stylo.

"Où est quoi ? - mon stylo."

Pourtant mon stylo n'est pas un complément d'objet direct mais est le sujet du verbe est.

Remarque

Deux remarques importantes qu'il faut garder en tête pour ne pas se tromper lorsque l'on cherche le complément d'objet direct d'un verbe :

1ère remarque

Dans la question que l'on se pose

  • « Qui est-ce qui EST V-é ? » ou « Qu'est-ce qui EST V-é ? »

on doit utiliser le participe passé du verbe en question.

2ème remarque

Pour le reste, la question a exactement la même forme que celle que l'on utilise pour trouver les termes modifiés par un adjectif :

  • "Qui est-ce qui EST + Adjectif ?" ou "Qu'est-ce qui EST + Adjectif ?"

Cela fait un nouveau lien entre les participes passés et les adjectifs : y compris avec l'auxiliaire avoir, on traite le participe passé comme un adjectif pour trouver le terme avec lequel il s'accorde.

ATTENTION

La différence cependant est qu'avec l'auxiliaire avoir l'accord ne se fait que si ce terme précède le participe.

Comme si le participe n'était un adjectif que dans les cas où il suit le terme qualifié.

Remarque

La règle d'accord du participe passé employé avec avoir s'avère en en définitive être exactement la même que celle que l'on a trouvée pour les participes sans auxiliaires ci-joint, vu et autres : eux aussi ne s'accordent comme des adjectifs que lorsqu'ils suivent le terme qualifié :

La lettre ci-jointe

Ci-joint une lettre.

Comparer avec :

La lettre que j'ai écrite

J'ai écrit une lettre.

La situation est la même.