Quelles marques ?
1. POUR LE GENRE |
---|
e et a |
---|
Fondamental :
Seul le féminin est marqué.
Fondamental :
Sur les adjectifs et les participes, comme sur les noms, les pronoms où il est marqué, certains déterminants, le féminin se marque généralement par un e.
Pour les déterminants, il se marque aussi souvent par un simple changement vocalique, avec le a qui vient remplacer la voyelle que l'on a au masculin :
le > la ; mon > ma.
Remarque :
Certains adjectifs qui se terminent déjà par un e ne reçoivent pas de marque de genre (jeune, rouge, riche, facile, obligatoire..)
Quand le genre s'entend |
---|
Attention :
Le e est un "e muet", et n'est donc généralement pas réalisé à l'oral, ou ne l'est que dans des chansons ou des poèmes (ou dans les prononciations propres au français méridional caractérisé précisément par l'abondance des "e muets" prononcés).
Complément :
En revanche, il se manifeste souvent à l'oral par le fait qu'il induit la réalisation de la consonne finale du mot, consonne qui est dite latente[1] dans la mesure où elle n'est réalisée que lorsqu'elle est suivie d'une voyelle :
par exemple le e de grande n'est pas prononcé, mais induit la réalisation de la consonne latente d, qui fait partie du mot, mais qui ne se réalise que devant voyelle (grande, grandir, grandeur).
Par ailleurs, il est associé parfois à une modification de la voyelle qui précède, à l'écrit ou au moins à l'oral :
il > elle ; beau > belle ; vieux > vieille ; un > une ou bon > bonne (
prononcez
un / une ou bon / bonne : la voyelle prononcée est différente).
Enfin, il arrive qu'il ait pour effet une modification de la consonne qui le précède, lorsque celle-ci n'est pas latente et est toujours réalisée :
f devient v (veuf > veuve)
c devient ch (blanc > blanche)
Dans tous ces cas, il est rare que l'on oublie le e lorsque l'on écrit au féminin : bien qu'on ne l'entende pas, on repère sa présence aux effets qu'il induit.
Attention :
On ne perçoit pas ce e à l'oral lorsqu'il suit directement une voyelle :
prononcer
: ami/amie, poli/polie, farfelu/farfelue, doré/dorée, etc...
ou lorsqu'il suit une consonne toujours prononcée[2] ce qui est le cas des consonnes r, l ou c, et qui ne se modifie pas à la différence de f par exemple.
prononcer
: pair/paire, normal/normale, naturel/naturelle, caduc/caduque, grec / grecque
C'est dans de tels cas que l'on peut rencontrer des problèmes d'orthographe alors même que l'on fait très bien l'accord à l'oral quand il s'entend.
Méthode :
Il peut alors être très utile de penser à remplacer le nom ou l'adjectif concerné par un autre nom ou adjectif pour lequel la présence du e du féminin induit à l'oral la prononciation d'une consonne autrement latente : remplacer par grande où le d s'entend, ou par cousine où le n s'entend.
Méthode :
Il suffit aussi en fait de raisonner pour décider de la marque de genre à écrire : on doit réfléchir, on doit comprendre le texte, on doit retrouver les liens qui l'organisent ; on doit donc appliquer les règles qui régissent l'accord.
Les doubles lettres |
---|
Complément :
Dans certains cas, l'ajout du e s'accompagne d'un doublement de la consonne finale du mot :
bon > bonne ; sot > sotte ; fol > folle ; ancien > ancienne ; net > nette ; bel > belle ; cet > cette ; maigrelet > maigrelette ; etc.
Il s'agit pour l'essentiel de mots se terminant par un o ou un e avant la consonne en question : pas la peine de s'inquiéter lorsque la consonne suit une autre voyelle :
chagrin > chagrin ; partisan > partisane ; national > nationale ; civil > civile ; brun > brune ; brut > brute ; écrit > écrite ; plat > plate ; etc.
Seules exceptions :
le mot nul, qui au féminin donne nulle, et qui double aussi son n ailleurs devant voyelle : nullité, nullement, nullard (mais pas dans les formes verbales en revanche : annuler, annulation, annule, annulé).
paysan, qui donne au féminin paysanne, et qui double son n ailleurs aussi, en l'occurrence dans paysannerie.
Complément :
Seuls les mots en ol qui sont des variantes de ou présentent ce doublement de l :
mol / mou | molle |
fol /fou | folle |
Complément :
Pour les mots en -ot, il n'y a pas de véritable régularité :
bigot > bigote ; sot > sotte ; pâlot > pâlotte ; petiot > petiote ;
Il faut donc mémoriser leur orthographe, ou s'en remettre à ces aides à la mémorisation que sont dictionnaires et correcteurs orthographiques.
Complément :
Dans certains cas, lorsque la voyelle qui précède la consonne finale est un e, on peut aussi se contenter d'un accent grave sur ce e, qui prend la place du doublement.
C'est toujours le cas après r, qui est une consonne qui ne double pas devant le e du féminin (chère, bouchère, etc.)
C'est parfois le cas après t, mais ce n'est pas le cas quand on a affaire au suffixe diminutif[3] -et :
propret | proprette |
douillet | douillette |
Ce n'est jamais le cas en revanche après l et n qui vont toujours doubler devant le e de féminin : belle, ancienne, etc.
2. POUR LE NOMBRE |
---|
s, x et ent |
---|
Fondamental :
Seul le pluriel est marqué.
Fondamental :
Sur les noms[4], les adjectifs[5] et les participes[6], comme sur les déterminants[7] et les pronoms[8] où il est marqué, le pluriel se marque généralement par un s à l'écrit.
Fondamental :
Sur les verbes conjugués[10] à la 3ème personne[9], le pluriel se marque par un ent à l'écrit :
elles chantent
ils chantaient
elles écrivent
Complément :
Pour les déterminants, pronoms, adjectifs, pronoms, après au, eu, ou, on pourra avoir x à la place de s :
Après au, s devient toujours x sauf dans landaus
Après eu, s devient toujours x sauf dans pneus et bleus
Après ou en revanche, s devient x pour seulement 8 noms :
bijoux, choux, cailloux, genoux, hiboux, joujoux, poux, et plus récemment ripoux
Remarque :
Lorsque le nom ou l'adjectif se termine déjà par un s, ou un x ou un z, le pluriel a la même forme que le singulier :
un nez / des nez
une voix / des voix
une fois / des fois
un homme merveilleux / des hommes merveilleux
Attention :
Le s, le x et le ent ne sont généralement pas réalisés à l'oral.
Complément :
Ils ne se réalisent que dans les cas de liaison[11] :
Prononcez
petits enfants : le s à la fin de petits se prononce parce que le mot enfants qui suit commence par une voyelle (en), et parce que la liaison est possible entre adjectif et nom.
De même :
Ces amis
Ils écoutent.
Ils les écoutent.
où la liaison est obligatoire.
Et pour les verbes :
Elles dorment encore.
où la liaison est possible.
Remarque :
Mais les liaisons après les verbes sont rares, et de manière générale la liaison est souvent impossible, soit parce que le mot précède une consonne, soit parce qu'il se trouve à la frontière d'un groupe de mots où l'on ne peut pas faire de liaison, par exemple entre le sujet[12] lorsque c'est un groupe nominal plein[13] et le verbe :
→
Prononcez :
Les enfants écoutent l'histoire.
On ne peut pas faire la liaison entre enfants et écoutent : la liaison est interdite entre un groupe nominal sujet plein et un verbe.
En outre, ce contraste singulier / pluriel ne s'applique pas pour les verbes lorsque le singulier comporte déjà une finale en t , et donc dans finissait / finissaient ou conclut / concluent par exemple.
Quand le pluriel s'entend |
---|
Complément : Changements de voyelle
Pour les déterminants, le s ou le x s'accompagnent parfois d'une modification de la dernière voyelle, parfois seulement à l'oral, et parfois aussi à l'écrit :
Les déterminants se terminant pas -es se prononcent avec un "è" ouvert, alors que les voyelles des formes correspondantes au singulier sont différentes :
le > les /mon > mes /ce > ces /ma > mes, etc.
Pour quelques déterminants, un certain nombre de noms et d'adjectifs, cette modification de voyelle s'accompagne d'une disparition de la dernière consonne, au moins à l'écrit :
On a disparition de la consonne latente dans cette > ces
La plupart des adjectifs en -al font leur pluriel en -aux, sans l et avec la voyelle "o": national > nationaux, etc. Les exceptions à connaître sont :
banal > banals, bancal > bancals, fatal > fatals, fractal > fractals, naval > navals, natal > natals, tonal > tonals.
La plupart des noms en -al font de même leur pluriel en -aux : cheval > chevaux, etc. Les exceptions à connaître sont :
bal > bals, carnaval > carnavals, festival > festivals, chacal > chacals, régal > régals et récital > récitals.
Quelques noms en -ail aussi font leur pluriel en -aux :
bail > baux, émail > émaux, travail > travaux, corail > coraux, soupirail > soupiraux, ventail > ventaux, vitrail > vitraux.
voir aussi ail > aulx (ou la consonne l reste à l'écrit) bien que le pluriel ails soit sans doute plus fréquent
Trois noms en œ perdent leur consonne finale à l'oral, avec la voyelle qui se ferme (prononcez : œuf / œufs le second ayant un "e" fermé comme celui de feu, alors que le premier a un "e" ouvert comme celui de feuille)
œuf > œufs ; bœuf > bœufs et œil > yeux avec en outre le "il" final qui passe devant, dans un effet étrange d'inversion.
Dans tous ces cas, il est rare que l'on oublie le s ou le x lorsque l'on écrit au pluriel : bien qu'on ne l'entende pas, on repère sa présence aux effets qu'il induit.
Complément : Sur les verbes 1 : les variantes
Pour les verbes conjugués, on a aussi deux variantes qui vont se réaliser à l'oral :
Au passé simple, la marque de pluriel est rent :
elle écrivit / elles écrivirent
il chanta / ils chantèrent
Dans certains cas, notamment après des verbes dont la base se termine par la voyelle a[14], le pluriel se marque par ont :
elle a / elles ont
il va / ils vont
elle chantera / elles chanteront
voir aussi elles sont
Complément : Sur les verbes 2 : consonnes latentes
Cependant, la terminaison ent se manifeste aussi souvent à l'oral par le fait que le "e muet" qu'elle comporte induit la réalisation de la consonne finale de la base[15], consonne qui est dite latente[1] dans la mesure où elle n'est réalisée que lorsqu'elle est suivie d'une voyelle :
par exemple le ent de écrivent n'est pas prononcé, mais induit la réalisation de la consonne latente v, qui fait partie du mot, mais qui ne se réalise que devant voyelle (écrivait, écrivant, écrivont, écrivain).
de même, dans l'opposition dit / disent, finit / finissent, part / partent, boit /boivent, on repère à l'oral la forme plurielle par le biais de la consonne qui précède, s (prononcée « z ») dans disent, ss (prononcée « s ») dans finissent, t dans partent, v dans boivent.
Par ailleurs, ce ent est associé parfois à une modification de la voyelle qui précède, à l'écrit ou au moins à l'oral :
sait > savent ; vien > viennent ou veut > veulent (
prononcez
vient / viennent ou veut / veulent : la voyelle prononcée est différente).
Il n'y a dans ce cas pas de problème d'orthographe, et l'on repère aisément que l'on a affaire à un pluriel parce que l'on entend la consonne en question.
Attention :
En revanche, on ne le perçoit pas lorsque ce ent suit directement une voyelle sans consonne latente :
prononcer
: nie/nient, renvoie/renvoient, conclut / concluent, voit/renvoient ; mange/mangent, savait/savaient, etc...
Ou aussi après tous les verbes du 1er groupe :
chante/chantent, appelle / appellent, etc.
C'est dans de tels cas que l'on peut rencontrer des problèmes d'orthographe alors même que l'on fait très bien l'accord à l'oral quand il s'entend.
Méthode :
Lorsqu'il n'y a ni liaison, ni changement de voyelle à l'oral, ni disparition de consonne, ni ajout de consonne, il est utile de penser à remplacer le nom, l'adjectif ou le verbe concerné par un autre nom, adjectif ou verbe pour lequel la présence du pluriel s'entend : remplacer par national/nationaux, par bœuf / bœufs ou par écrit/ écrivent où le pluriel s'entend.
Méthode :
Dans ces cas où le pluriel ne s'entend pas, le mieux cependant est de raisonner pour décider de la marque de nombre à écrire : on doit réfléchir, on doit comprendre le texte, on doit retrouver les liens qui l'organisent ; on doit donc appliquer les règles qui régissent l'accord.