Comprendre
Pour comprendre quelles sont les marques à utiliser et quelles sont les complications à anticiper, deux exercices, l'un sur les marques de genre, l'autre sur les marques de nombre.
Un des points importants, que tout le monde connaît, mais dont on ne mesure pas nécessairement l'importance, est que les marques en question ne sont pas toujours e d'un côté, s de l'autre, mais varient d'une catégorie de mot à l'autre.
Un autre point est que des deux genres et des deux nombres possibles, à chaque fois un seul est marqué : le féminin pour le genre, le pluriel pour le nombre. Masculin et singulier se manifestent seulement par l'absence de marque.
Nous allons commencer par vous proposer un petit exercice sur les marques de genre et un sur les marques de nombre, ce qui nous permettra de faire le point sur tout ce qu'il faut savoir les concernant.
Attention : vous n'aurez la correction pour vérifier vos réponses qu'après avoir fait les deux exercices, quand vous cliquerez sur N'oubliez pas à ce moment-là de regarder la reprise qui suit le corrigé : vous y trouverez une explication pour chaque mot qui vous aura posé problème, ainsi qu'une synthèse de tout ce qu'il faut savoir sur les différentes de marques de genre et de nombre. |
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Vous pouvez aussi, si vous le préférez, aller directement lire la fiche synthétique qui reprend tous les résultats, sans passer de temps sur la correction des exercices, où tout est redit plusieurs fois. |
Les marques de genre
Le e du féminin n'apparaît que sur les adjectifs, les participes, les noms où il est marqué, certains déterminants et certains pronoms. Sur d'autres mots, on n'a pas de e, mais plutôt un changement vocalique : le/la est l'exemple le plus évident, avec au féminin non pas un e ajouté mais un a venant prendre la place du e de le.
L'exercice ci-dessous cependant concerne seulement le e et les complications qu'il peut induire. Ce e, dans certains cas, produit des modifications sur la syllabe qui précède : un léger changement vocalique, marqué éventuellement par un accent ou par le doublement de la consonne finale.
Et ce e peut être déjà présent sur le mot, en quel cas le féminin n'est pas marqué, et c'est alors le masculin qui fait difficulté, parce qu'il faut avoir retenu qu'il y a un e, que l'on n'entend pas nécessairement.
Dans les phrases qui suivent, il vous est demandé de placer les e et ... si nécessaire de doubler une consonne ou d'ajouter un accent.
Attention à ne pas ajouter d'espace avant ou après les lettres que vous ajoutez, attention à ne pas mettre d'espace dans les trous que vous voulez laisser vides. |
Relisez les phrases, que vous trouverez correctement orthographiées ci-dessous. Pour chacune des fautes que vous avez pu faire, lisez attentivement les explications données, que vous obtenez en cliquant sur le mot concerné :
Cette charmante promenade t'a-t-elle plu ?
Notre chère amie a été parfaitement loyale avec nous.
Il nous a raconté une histoire complètement farfelue.
Quelle riche idée que la tienne !
Je ne supporte plus ces remarques impolies.
Nos cousines espagnoles[1] ne sont pas très sottes mais elles sont un peu folles[2] et très bigotes.
Elles sont assez ingrates mais elles en sont pas grossières.
Elles sont pâlottes[3] et un peu inquiètes[4].
Elles sont surtout douillettes[5].
Les principales[6] règles sont nulles.
Elle sont anciennes mais très belles et très bonnes.
Dans ce domaine, la technologie nippone est toujours en avance.
Elles sont toujours immobiles[7].
Vouloir revenir sur ces coutumes paysannes relève d'une attitude partisane très discutable.
C'est un dossier prioritaire.
Son ton est péremptoire.
Méfiez-vous de l'ennemi intérieur.
Il est bancal et fébrile.
Voici maintenant un récapitulatif des différentes configurations que l'exercice a permis d'observer :
Sur les adjectifs et les participes, comme sur les noms, les déterminants et les pronoms où il est marqué
le féminin se marque généralement par un e.
Certains mots qui se terminent déjà par un e ne reçoivent pas de marque de genre (jeune, rouge, riche, ..)
Dans certains cas, l'ajout du e s'accompagne d'un doublement de la consonne finale du mot :
Il s'agit pour l'essentiel de mots se terminant par un o ou un e avant la consonne en question (folle, muette, ancienne, etc. ; mais espagnole, bigote, etc.)
seuls les mots en ol qui sont des variantes de ou présentent ce doublement de l : mol/mou => molle ; fol/fou => folle
pour les mots en -ot, il n'y a pas de véritable régularité : bigot > bigote ; sot > sotte ; pâlot > pâlotte ; petiot > petiote ;
il faut donc mémoriser leur orthographe, ou s'en remettre à ces aides à la mémorisation que sont dictionnaires et correcteurs orthographiques
On a deux cas où la consonne suit une autre voyelle que o ou e (nulle après un u, paysanne après un a).
Lorsque la voyelle qui précède la consonne finale est un e, on peut aussi se contenter d'un accent grave sur ce e :
c'est le cas toujours après r qui est une consonne qui ne double pas devant le e du féminin (chère, bouchère, etc.)
c'est le cas devant t lorsque ce t fait partie de la base[8] : inquiète, désuète, complète, etc., mais proprette ou douillette avec -et comme suffixe diminutif[9] ajouté à la base
ce n'est jamais le cas après l et n qui vont toujours doubler devant le e de féminin.
Dans certains cas, la consonne finale est modifiée :
f devient v
s devient ss
c devient ch (blanche) ou cqu (grecque), etc.
Dans certains cas, le féminin se marque aussi par un changement de voyelle : beau/belle ; vieux / vieille ; mon / ma ; le / la etc.
Même lorsque le e ne se prononce pas, on perçoit sa présence à l'oral parce qu'il a pour effet que soit prononcée la consonne latente[10] de la base :
prononcer
: charmant/charmante, petit/petite, pris/prise, chat/chatte, un/une, tout/toute, etc. :
En revanche on ne la perçoit pas lorsque ce e suit directement une voyelle :
prononcer
: ami/amie, poli/polie, farfelu/farfelue, doré/dorée, etc...
ou lorsqu'il suit une consonne toujours prononcée[11], ce qui est le cas des consonnes r, l ou c :
prononcer
: pair/paire, normal/normale, naturel/naturelle, caduc/caduque
C'est dans de tels cas que l'on peut rencontrer des problèmes d'orthographe alors même que l'on fait très bien l'accord à l'oral quand il s'entend.
Il peut alors être très utile de penser à remplacer le nom ou l'adjectif concerné par un autre nom ou adjectif pour lequel la présence du e du féminin induit à l'oral la prononciation d'une consonne autrement latente : remplacer par petite, ou par cousine.
Le masculin n'est pas marqué. |
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En revanche, les adjectifs et les noms peuvent comporter un e par eux-mêmes quoiqu'ils soient au masculin :
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Comme pour le e du féminin, après des voyelles ou après des consonnes qui tendent à se prononcer de toutes façons (l, r, c notamment)[11], on n'a aucun moyen de savoir si le mot se termine ou pas par un e au masculin.
Dans de tels cas, on peut aussi rencontrer des problèmes d'orthographe, parce que l'on a voulu limiter abusivement la présence du e au féminin. Mais dans ce cas les tests ne servent à rien, il faut avoir mémorisé qu'il s'agit d'un adjectif ou d'un nom se terminant par e.
Les marques de nombre
Le pluriel est marqué sur les adjectifs et les noms par un s, ou un x pour des mots en au, eu ou parfois ou.
Cependant lorsque le mot finit déjà par un s, ou par un x, ou par un z, il n'y a pas d'ajout.
Sur les déterminants qui varient ou aussi pour quelques noms et adjectifs en al ou ail, il se marque par un changement vocalique en plus d'un s ou d'un x : mon > mes ; cheval > chevaux.
Sur les verbes il se marque par un -ent, dont le e produit comme celui du féminin des modifications vocaliques et des apparitions de consonnes.
Dans les phrases qui suivent, à vous de décider comment s'écrit le mot au pluriel.
Attention à ne pas ajouter d'espace avant ou après les lettres que vous ajoutez, attention à ne pas mettre d'espace dans les trous que vous voulez laisser vides. |
Relisez les phrases, que vous trouverez correctement orthographiées ci-dessous. Pour chacune des fautes que vous avez pu faire, lisez attentivement les explications données, que vous obtenez en cliquant sur le mot concerné :
Il a vu de beaux[13] paysages enneigés[14] pendant ses voyages en Laponie.
On trouve souvent des travaux originaux[15] dans cette bibliothèque.
Ces landaus[16] sont nouveaux[17] mais bancals : en fait leurs pneus[18] sont vieux[19].
J'échange mes sous[20] contre ces deux bijoux[21] bleus[22].
Ces œufs sont très frais.
C'est ainsi qu'ils concluent[23].
C'est ainsi qu'ils écrivent.
Il faut qu'ils comprennent[24].
Ils ne me croyaient pas.
Voici maintenant un récapitulatif des différentes configurations que l'exercice a permis d'observer :
Sur les noms, les adjectifs et les participes, comme sur les déterminants et les pronoms où il est marqué, le pluriel se marque généralement par un s à l'écrit. |
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Lorsque le mot se termine déjà par un s, ou un x ou un z, le pluriel a la même forme que le singulier :
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Dans certains cas, le pluriel se marque aussi par un changement de voyelle (le/les ; cheval/chevaux ; œuf > œufs ; etc.).
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Quoique ces s et x ne se prononcent pas, il est possible de percevoir leur présence à l'oral en cas de liaison[25] devant un mot commençant par une voyelle :
prononcer
: les petits enfants / les beaux ouvrages).
Cependant la liaison n'est pas toujours possible, en quel cas on peut rencontrer des problèmes d'orthographe ici alors même que l'on fait très bien l'accord à l'oral lorsqu'il s'entend.
Sur les verbes conjugués à la 3ème personne, le pluriel se marque généralement par ent. |
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Même lorsque ce ent ne se prononce pas, on perçoit sa présence à l'oral parce qu'il a pour effet que soit prononcée la consonne latente[10] de la base
prononcer
: part/partent, lit/lisent, écrit/écrivent, etc.
En revanche on ne le perçoit pas lorsque ce ent suit directement une voyelle sans consonne latente :
prononcer
: nie/nient, renvoie/renvoient, conclut / concluent, voit/renvoient ; mange/mangent, savait/savaient, etc...
C'est dans de tels cas que l'on peut rencontrer des problèmes d'orthographe alors même que l'on fait très bien l'accord à l'oral quand il s'entend.
Pour rendre le pluriel "audible", la seule possibilité avec ce type de verbes est d'arriver à prononcer le t final de ent en faisant une liaison :
dans elles chantent à tue-tête où il est possible (mais non obligatoire) de prononcer le t du -ent.
Mais les liaisons après un verbe sont rares.
Dans ces exercices, vous avez vu l'ensemble des marques de genre et des marques de nombre. A vous de jouer : répondez aux questions qui suivent, et reconstituez vous-même l'ensemble du dispositif. |
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