Camproux Charles / Camprós Carles (1908-1994)

Charles Camproux / Carles Camprós

Charles Camproux
© Photo : CIRDOC

Né en 1908 à Marseille, Charles Camproux, après une enfance très pauvre, connaît l’orphelinat et fait des études jusqu’au niveau universitaire.
Il a été des premiers mouvements occitanistes, avec les Marseillais Paul Ricard et Jòrgi Reboul. Avant la guerre, alors qu’il enseigne en Lozère, il se livre à une enquête systématique des parlers occitans du Gévaudan, qui fera l’objet de sa thèse de doctorat. Il choisit la voie fédéraliste et milite pour un enseignement de l’occitan alors totalement inexistant.
Mobilisé en 1939, fait prisonnier en Allemagne, il y organise la résistance, au moins intellectuelle, grâce à des conférences sur Mistral et les Troubadours. Une fois libéré, il se fait attribuer le cours de langue et littérature d’oc à la faculté de Montpellier et, parallèlement, s’engage dans la Résistance. Une fois la paix revenue, il retrouve ses fonctions à l’Université où il enseigne jusqu’à sa retraite.
Historien de la littérature d’oc, on lui doit la première Histoire de la littérature occitane (Paris, Payot, 1953), ainsi que des études nombreuses sur les Troubadours. Il fut aussi dialectologue, philologue, linguiste, critique littéraire et, bien sûr, écrivain.
Philippe Gardy écrit à propos de son œuvre littéraire : « Elle apparaît avec la distance des temps comme la part cachée de l’homme, la part de l’ombre, au plus près et à la fois au plus loin des grands moments d’une vie. À la fois concrétion du temps vécu, retombée d’une existence et pourtant cœur battant de l’homme en chemin de sa destinée.» [Note]


Les pendus

Il y avait sept hommes pendus
Qui n’étaient que des jeunes gens
Il y avait sept hommes pendus
Qui écoutent souffler le vent
Il y avait sept hommes pendus
Qui n’étaient que des jeunes gens

 

Il y a sept couples de jambes
Qui dansaient dans le vent
Il y a sept couples de jambes
Qui vont dans le vent dolent
Il y a sept couples de jambes
Qui dansaient dans le vent

 

Il y a sept ombres sous le pont
Parmi le soleil mouvant
Il y a sept ombres sous le pont
Qui ont vergogne dans le vent
Il y a sept ombres sous le pont
Parmi le soleil mouvant

 

Il y avait sept hommes pendus
Qui n’étaient que des jeunes gens
Il y avait sept hommes pendus
Qui écoutent souffler le vent.
Il y avait sept hommes pendus
Qui vont dans le vent mouvant.

Nîmes, printemps 1944

Traduction inédite.

Lei penjats

I aviá sèt òmes penjats
Qu’èran pas que de jovents
I aviá sèt òmes penjats
Qu’escotan bofar lo vent
I aviá sèt òmes penjats
Qu’èran pas que de jovents

 

I a de cambas sèt pareus
Que balavan dins lo vent
I a de cambas sèt pareus
Que van dins lo vent dolent
I a de cambas sèt pareus
Que balavan dins lo vent

 

I a sèt ombras sot lo pont
Dintre lo soleu movent
I a sèt ombras sot lo pont
Qu’an vergonha dins lo vent
I a sèt ombras sot lo pont
Dintre lo soleu movent

 

I aviá sèt òmes penjats
Qu’èran pas que de jovents
I aviá sèt òmes penjats
Qu’escotan bofar lo vent
I aviá sèt òmes penjats
Que van dins lo vent movent.

Nimes, prima de 1944

Poèmes de Resisténcia, Occitània, s.d., repris dans Òbra poëtica occitana, Occitània/IEO, 1983.

Lei Penjats

« Lei Penjats », interprété par Claude Alranq.

Voici ce qu’écrit Camproux à propos de ces poèmes :
« Los ai escriches sens idèas d’avança mas segon l’inspiracion del moment amb que mai una participacion corporala. Son dictats per çò qu’arribèt a mos fraires. » [Je les ai écrits sans idées préconçues, selon l’inspiration du moment avec surtout une participation corporelle. Ils sont dictés par ce qui est arrivé à mes frères.]

Charles Camproux – L’œuvre littéraire

  • 1983 : Òbra poëtica occitana, Occitània/Institut d’Estudis Occitans.
  • 1984 : Soleu roge, proses, Enèrgas, Vent Terral, collection « Paratge », n° 7.

Charles Camproux – Bibliographie secondaire