Salvagno Claudio (1955)

Claudio Salvagno

Claudio Salvagno

Claudio Salvagno est né à Bernezzo / Bernés (Cuneo, Italie), où il vit toujours. Ce plasticien et poète autodidacte a travaillé aux chemins de fer italiens. Artiste polyvalent, il est l’auteur de plusieurs expositions de sculpture (il travaille la pierre et le bois) et de deux recueils de poésie.

 

Tal

Tal,
je suis sûr que la lumière, le vent muet
qui me regarde du haut de ce matin
pendant que je traverse la première neige
et qui me tombe dans la vie
c’est le même matin qui en soufflant lève la poussière
et s’enfile dans tes cheveux pendant que tu marches dans l’embouteillage
sous le regard des pères perdus le long des murs
où les adolescents ne seront jamais à l’abri des désirs de revanche.

Quatre automnes sont passés Tal
et une haleine qui fatigue les arbres et fait pourrir l’herbe
est montée ici
ici où la glace donne l’eau pour tous.
Le temps inutile est arrivé
le temps du Choléra.

Non, je ne nous vois pas dressés comme des gardes
à faire barrière, à faire rempart en attendant
qu’arrive un nouvel ennemi. Pas davantage
je ne nous vois courbés
sous le doigt de quelqu’un qui nous fasse épeler
comme des écoliers débutants et qui nous aide à traces des limites
sur un papier déjà trop petit, trop gribouillé,
un maître qui nous apprenne autre chose
qui ne soit pas la ligne de séparation qui court
entre la langue et le cœur.
Non, nous sommes le hurlement bleu du nuage lion
nous sommes le tigre qui court dans la conjugaison du torrent
nous sommes le balbutiement sombre du feuillage
l’illusion du vent d’avril.

Nous sommes les molènes, nous sommes les asphodèles
dans les clairières de la forêt.

L’autre armée. Traduction de Jean-Michel Effantin.

Tal

Tal,
siu segur que lo clar, l’aura muta
que da l’aut d’aquest matin me gacha
mentre traverso la prima neu
e me tomba dedins la vida
es lo mesme matin que a bufs leva la poissiera
e s’enfila dins i tiei pels, mentre traverses lo trafic
sota l’agach di paires perduts arlong i murs
que arparan ren i garrions da i desirs de arvenja.

Son passats quatre tardors, Tal
e un alen que fai guchir i àrbols e marçar l’erba
es remontat finde aicí
aicí ente lo glaç fai l’aiga per tuchi.
Es arrubat lo temps inutil
lo Temps dau Colera.

Non, veio ren nos dreits coma usoards
a far barriera, a far mur ent l’esper
qu’arrube un novel ‘nemic. Tant pus
nos veio ren doblats
sot lo det de qualqu’un que nos fague sillabar
coma noveis escoliers e que nos ajude a traçar confins
sus un papier ja tròp pichòt, tròp escaraboclat
un mestre que nos mòstre qualcòsa d’autre
que sie ren la reia de la desbòina que cor
entre la lenga e lo còr.
Nos, sem lo bram bloi de la niula lion
sem la tígria que cor dins la coniugason dal bial
sem lo gargotear borre de la bronda
l’engan de l’aura d’abril.

Nos sem i levions, siem la porracha
dins i esclarzòles dal bòsc.

L’autra armada, incipit, Nino Aragno editore, 2013, p. 9.

Tal Nizzan, à qui le poème est adressé, est une poétesse israélienne rencontrée par Claudio Salvagno au festival de poésie de Lodève, les Voix de la Méditerranée.


Claudio Salvagno parla de son rapòrt a l’escritura| 1:53
Claudio Salvagnoparla de sas lecturas e de sas influéncias literàrias| 2:43

Claudio Salvagno – Bibliographie – sitographie

Claudio Salvagno – Poésie

  • 2004 : L’emperi de l’ombra / L’empire de l’ombre / L’impero dell’ombra, Montpeyroux, Jorn.
  • 2009 : Potons d’unvern/Baci d’inverno, livre d’artiste, Artivaganti.
  • 2013 : L’autra armada / L’altro esercito, Turin, Nino Aragno Editore.
  • Sans date : L’autra armada, Artivaganti. Dans cette édition ne figure que le poème-titre du livre précédent, qui comporte trois autres suites poétiques.

Sitographie sur Claudio Salvagno